A propos du Petit Européen

L’Europe est désormais une donnée de fait de notre monde. Or, trop souvent - dans les médias, ses bureaux, ses décisions - l’Union européenne apparait comme une entité grise, dénuée de grandeur, d’esthétique et de sens. Et c’est précisément ce manque de sens qui explique qu’elle soit perçue, dans l’opinion publique pour une structure d’autant plus subie qu’elle est désincarnée, distante. Et pourtant, que nous le voulions ou non, l’Europe est là. Elle nous est déjà donnée, et c’est désormais à nous de trouver comment la penser, la faire vivre, l’habiter.

Le Petit Européen est né de ce constat : il est urgent de repenser le sens de l’Union, selon les termes de Blaise Wilfert dans une tribune au Monde. Une Union qui ne soit plus réactive, sur la défensive, mais pleinement active et intégrée au monde dans lequel elle évolue. Cela implique une prise de conscience, lucide mais confiante, de l’ampleur des menaces qui la guettent mais aussi des forces de l’Europe et, on l’aura compris, de ce qu’elle est.

D’où l’objet de cette revue, fermement europhile sans être aveuglément européiste. Nous cherchons à entretenir un regard critique sur les formes que le projet européen a revêtu tout en donnant la parole aux Européens dans ce qu’ils ont de plus divers. Il s’agit de repenser l’idéal européen dans sa possibilité et dans sa nature, pour mieux savoir ce pour quoi nous nous battons.

D’où une revue qui ne sera pas seulement une quête d’explicitation de ce qu’est l’Europe, mais aussi une force d’analyse et de proposition sur les différents aspects de sa vie. D’où une revue curieuse et volontaire de s’enrichir d’une multitude de regards ; une revue où la diversité des points de vue, bien loin d’affaiblir la volonté, l’éclaire d’autant plus d’une sensibilité à la complexité du monde, à la complexité de l’Europe, pour l’approcher vraiment, avec la bonne volonté des enfants qui cherchent à comprendre leur mère et à lui être utile, ne serait-ce qu’un peu, ne serait-ce qu’un tout petit peu.

Le Petit Européen s’articule autour de trois grands axes : « L’idée Europe », « L’Europe en mouvement » et « Agora » afin de donner à voir l’Europe telle qu’elle est dans sa vie, dans son action, dans son incarnation.

« L’idée Europe » a vocation a penser l’Europe dans son histoire, sa théorie, sa conception. Qu’est-ce, vraiment qu’être européen ? Peut-on véritablement parler de patrimoine commun ? Cette première partie tente d’esquisser les contours de ce l’Europe en tant qu’idée, en tant que continent, en tant que pôle culturel, en tant que projet.

« L’Europe en mouvement » vise à penser l’Europe dans son action, ses décisions, ses forces et ses faiblesses. Il s’agit de la saisir à la fois de l’intérieur, dans ses institutions, et de l’extérieur, dans son rapport aux autres et au monde.

L’ « Agora », enfin, c’est une mosaïque de profils, de récits, de facettes de ce que peut être une Europe incarnée. C’est la possibilité de connaitre, par aperçus furtifs, une Europe à hauteur d’homme qui se pense avant tout à l’aune de la vie quotidienne et de ses histoires personnelles.

Cette démarche éditoriale est donc au croisement de l’Unité, nécessaire pour percevoir l’idée Europe et pour penser un projet politique, et du Dialogue, qui correspond à la nature polyphonique de l’Europe et de la chose publique, car il n’y a d’unité que dans la diversité.

Charles Péguy pensait que pour entreprendre un projet, il était mieux de le faire avec des personnes dont on connait le tempérament et dont on respecte les valeurs : ses amis. Le Petit Européen est donc d’abord un compagnonnage d’une dizaine de Normaliens qui se réunissent dans un même élan : penser l’Europe

Au-delà de l’objet journal, nous voulons créer un réseau humain qui soit amené à se retrouver régulièrement pour nourrir et approfondir cette pensée de l’Europe, nous voulons rassembler un groupe de personnes qui se réunissent régulièrement pour partager des idées.

C’est pourquoi chaque nouvelle parution de notre journal trimestriel sera accompagné de rencontres. Et entre chaque numéro, nous organiserons une conférence avec des invités pour discuter autour d’un nouveau thème, d’un nouvel aspect, d’une nouvelle facette de l’Europe.

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Dessin d'un jeune garçon portant un béret et tenant une plume. Il a les yeux fermés et semble pensif. Gravure XIXe

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